Après un grand recul de la photographie argentique au milieu des années 2000, son retour est de plus en plus présent ces derniers mois. Michael Ferire est le parfait exemple de cette nouvelle génération de photographe né avec le numérique et pour qui la découverte de l'argentique à été une vraie révélation.
Bonjour Michael, peux-tu te présenter ?
Bonjour, Je m’appelle Michael Ferire. J’ai 27 ans, j’habite Bruxelles et suis photographe. Actuellement, je fais de la photo de mariage, du backstage de musique et de mode. Je me spécialise actuellement dans les reportages à l’étranger dans ces 3 domaines. J’ai vite l’impression de tourner en rond lorsque je reste trop longtemps dans un même contexte.
Coucher du soleil à Tahiti, Contax 645 @ f/2 + Portra 400
Depuis quand fais-tu de la photographie et qu'est ce qui t'as donné envie de t'y mettre ?
Je photographie depuis 2007. Je ne sais pas trop ce qui m’a donné l’envie. Dans le fond, même aujourd’hui, j’ai encore l’impression de ne pas être vraiment photographe. La photo n’est qu’un moyen parmi d’autres pour comprendre et exprimer (mais il est redoutablement efficace). J’aime développer des méthodes à contre-courant et repenser les évidences. C’est ce que je tente de faire, en photo comme ailleurs. La photo n’est qu’un moyen, « m’y mettre » n’a pas réellement été un choix. On s’exprime avec l’outil qui se prête le mieux à ce que l’on veut dire. La photo, c’était parfait pour montrer ce qui ne se raconte pas.
Tu utilisais du numérique et maintenant surtout de l'argentique, pourquoi avoir effectué ce retour aux sources ?
Dans mon cas, je ne parlerais pas d’un retour aux sources. Je n’ai que 27 ans et donc, pour moi, la photo, initialement, est numérique. J’ai un vague souvenir d’enfance lié à la pellicule mais rien de bien transcendant. C’est plutôt une remise en question globale des enjeux de l’image. Le rapport direct et total à l’image que permet le numérique me dérange. Je n’aime pas ce qu’il fait de l’image et je n’aime pas ce qu’il fait du photographe : un jukebox visuel.
A contrario, l’argentique restaure une forme de magie, l’image y devient parcellaire. L’argentique isole, réduit, séduit. L’argentique ne montre pas mais suggère. Même au niveau du process, je trouve plus juste de travailler à l’aveugle. Et puis, au niveau purement pratique, je suis devenu un addict de la sensation d’attente que provoque l’argentique et le résultat est sans commune mesure. Je vois aujourd’hui le numérique comme une évocation très réduite de ce dont est capable mon appareil argentique. C’est difficile de faire marche arrière.
Love Session en Toscane, Lucca, Contax 645 @ f/2 + Portra 400
Quelles sont les pellicules et appareils que tu affectionnes le plus ? Et quel matériel rêverais-tu d'avoir dans ton sac ?
Je travaille avec un seul appareil et un seul objectif (un Contax 645 et un équivalent 50mm). Cela me permet de me concentrer sur le moment, sur l’émotion, sur ce qui la révèle. J’ai appris que faire de vrais choix est souvent bénéfique.
En ce qui concerne le matériel que je rêverais d’avoir, le Contax est un must pour moi, du moins pour ce que je fais aujourd’hui. Je rêve d’aller plus loin dans d’autres domaines où avoir une chambre technique serait vraiment top. En général, je rêve plus d’images que de matériel. Le matériel n’est qu’un moyen d’y parvenir.
Comment gères tu le développement, puis le tirage ou la numérisation des photos ?
Ca a été difficile de trouver un labo qui me convienne. Je suis un perfectionniste et je ne voulais pas d’une solution qui m’aurait convaincu à moitié. J’ai donc cherché longtemps et j’ai trouvé la perle, en Espagne. C’est Carmancita Film Lab qui développe et scanne toutes mes images.
Toujours la même personne qui gère mes commandes et sait précisément ce que je veux. C’est un vrai luxe de travailler comme cela. Cela permet de rester focalisé sur le shoot et de ne pas à avoir à se soucier de la postprod tout en sachant que ce sera parfait. J’ai ensuite des fichiers numériques que je peux gérer comme je veux pour faire des tirages. Je passe le plus souvent par un petit labo local de gens passionnés.
En règle générale, c’est le rapport humain qui est central en argentique. Si on schématise, on est un peu comme une petite tribu de fous qui aiment prendre le temps, les choses organiques, vivantes, le partage. C’est très enrichissant aussi à ce niveau. Je dirais même que c’est devenu central dans mon fonctionnement.
Backstage Paloma Nîmes pour Stromae, Contax 645 @ f/2 + Portra 400
Un accessoire fétiche ou une petite astuce à nous proposer ?
Je n’ai pas vraiment d’accessoire ou d’astuce. Je suis un peu devenu un fétichiste du posemètre mais je me soigne. C’est devenu comme un allié qui me permet de travailler en confiance, à l’aveugle. Bref, l’argentique, c’est top, déjà rien que pour ce rapport au posemètre.
Quel conseil donnerais tu à un photographe qui souhaiterait s'initier à l'argentique ?
Je lui conseillerais de s’y mettre. Je ne vais d’ailleurs pas parler au conditionnel. Je convaincs actuellement beaucoup de photographes qui m’entourent. Je pense que j’ai fait passer 8 photographes du coté obscur de la chambre noire et j’en suis très content (pour eux et pour moi).
La vie n’est pas faite de certitudes, de pixels, de 0 et de 1. Elle est faite de sensations, de risques et d’un peu d’alchimie. L’argentique c’est ça !
Shooting, Contax 645 @f/2 + Portra 400
Pour découvrir plus en détail le travail de Michael Ferire, n'hésitez pas à visiter son site et sa page Facebook.
Publié le 24 octobre 2014
Nom : Michael Ferire
Âge : 37 ans
Site web : Michael Ferire
J’aime marcher dans les rues en observant la lumière qui tombe sur les façades, imaginer des photos, des ambiances,... Déjà sans appareil photo, je crée des images. Pour moi, la photo est plus qu’un métier. C’est une manière de voir le monde.
Revenons à l’essentiel. Le mariage c’est avant tout un couple qui s’aime et qui le montre. Je veux rendre tous ces choix visibles, du plus infime au plus grand. Le mariage me permet de montrer ce que j’aime représenter : la passion, l’émotion, l’attachement,...
Je pense que chaque personne est différente, qu’il faut transmettre cette différence en la rendant tangible. L’image est un moyen parfait ! Le meilleur que j’ai trouvé à ce jour. Je ne pense pas être photographe. Ce qui importe, pour moi, c’est de comprendre et d’exprimer, différemment.